(Cuentos de familia) Histoires de famille

Miguel Ángel Alloggio

Texte intégral en castillan argentin


CUENTOS DE FAMILIA est un recueil de nouvelles au réalisme terrifiant.

Nées de la réaction du projet d’oublier le passé, ces nouvelles sont le passé, mais dans un présent où il ne reste qu’un oubli fantastique et failli.


Cela faisait déjà quinze ans que je vivais en France et que j’avais totalement mis la lecture, l’écriture et la pratique de mon castillan natal de côté ; en raison des blessures causées par la dictature et par mon exil, j’avais un sentiment d’échec. On m’a un jour offert une machine à écrire électronique. En la voyant, mes enfants m’ont demandé de m’en servir pour leur écrire toutes les histoires que j’inventais pour les endormir. Un soir, je me suis assis à mon bureau et j’ai commencé à écrire en français puis, sans m’en rendre compte, je suis passé au castillan. Comme dans un rêve, lorsque je me suis « réveillé » j’avais écrit deux nouvelles qui n’avaient rien à voir avec celles que j’avais imaginées pour mes enfants. Il s’agissait de Niños y Perros, trois jours plus tard, j’ai écrit Manos Brujas puis les autres, et ensuite tous mes livres sont arrivés. Mais, vu que j’écrivais très mal en raison de mon manque d’éducation et de l’absence de contact avec ma langue natale, j’ai donc décidé de partir en voyage à Buenos Aires (après 17 ans sans y être allé) et de recommencer à lire en castillan. C’est au cours des années suivantes que je me suis défait de beaucoup de choses que je considérais sacrées et que j’ai découvert la grandeur de Jorge Luis Borges. J’ai également compris que mes nouvelles me présentaient le passé que j’avais tenté d’oublier. J’en ai eu la confirmation lorsque je suis tombé, au même moment, sur cette citation de Borges : « Le passé est indestructible, tôt ou tard il fini par revenir, et parmi toutes les choses qui reviennent avec lui on trouve toujours le projet de détruire le passé. »

Miguel Ángel Alloggio